H is for House

Peter Greenaway

1973, 16 min. Royaume-Uni

Synopsis

Ce petit film est léger et dense à la fois : il nous entraine dans un jeu enfantin sur les mots et, ce faisant, déploie en quelques minutes tout l’univers artistique et personnel de son auteur. À l’image, sa femme et sa jeune fille Hannah sont omniprésentes. Chaque plan est un tableau où le cadre et la lumière sont virtuoses (paysage, portrait, nature morte) et où frappent la splendeur de cette maison dans la campagne anglaise et le bonheur de la vie familiale. La bande son tresse ensemble la voix du narrateur qui égrène une liste infinie de mots commençant par « H », celle de Greenaway qui raconte trois de ses fables absurdes sur la folie des hommes, celle de son enfant qui apprend avec lui l’alphabet (« R is for robin », « A is for apple »), celle du « naturaliste » précisant le sens des mots – et la musique (Vivaldi, Rameau, « H is for harpsichord »). Le montage, précis et cadencé, accompagne l’énumération, les accentuations et interroge, à la Magritte, le lien entre les mots et les choses. 
Ce court-métrage condense le goût de Greenaway pour les inventaires encyclopédiques, sa sensibilité de plasticien, son ironie et cette atmosphère toute britannique faite de distance et de fantaisie. On pense en effet à la rengaine d’Alice dans De l’autre côté du miroir de Lewis Carroll, qui, lorsqu’elle entend prononcer le nom d’Haigha, se livre au jeu des mots en « H » : « J’aime mon amant avec un H, parce qu’il est heureux. Je le déteste avec un H parce qu’il est hideux…. ». Ici aussi, la bizarrerie du monde est perçue avec les yeux de l’enfance : « H is for hocus-pocus, helter-skelter, harum-scarum, hoity-toity, hokey-cokey, hotchpotch, hubble-bubble … »

Production

Peter Greenaway