Le Chant du Styrène

Alain Resnais

1957, 14 min. France

Synopsis

C’est un film de commande que Resnais réalisa pour le groupe pétro-chimique de Péchiney et qui montre tous les mystères techniques de la fabrication du plastique et de ses succédanés… 
On ne donnerait pas au plastique un quelconque attrait romantique. C’est le contraste sur lequel joue Raymond Queneau, parodiant, maltraitant le poème romantique, composant pour ce documentaire un commentaire en rime. La tonalité est délibérément humoristique. La photographie est, elle, à l’image du plastique, couleurs vives, artificielles. 
Le film fait une plongée dans l’univers froid de la mécanique et du contre nature. On ne sait si ce film insolite fut bien conforme au cahier des charges du commanditaire, ni s’il fut accueilli avec enthousiasme. Il demeure connu pour son double sens. 
Ode cinématographique somptueusement filmée de telle manière à faire ressortir cette fameuse « beauté industrielle » si souvent nommée par la poésie moderne et que le père Queneau retraduit en didactiques et volontairement grandiloquents alexandrins pompiers… 

« Si le court métrage n’existait pas, Alain Resnais l’aurais sûrement inventé. Jamais, je crois, depuis ceux d’Eisenstein, un film n’a été aussi scientifiquement médité que Le Chant du Styrène
Le Chant du styrène, c’est quatorze mois de travail pour un film de quatorze minutes sur les matières plastiques. C’est aussi un texte de Raymond Queneau qui rend chaque image tashlinesque en y introduisant le fameux décalage cher à Renoir. Et le résultat est là, en cinémascope colorié : des plans si profondément rivés les uns aux autres malgré l’absence de tout personnage vivant, donc en se privant de la facilité des raccords sur un effet dramatique, une centaine de plans, dis-je, si harmonieusement soudés entre eux qu’ils donnent la fantastique sensation de n’être qu’un seul long plan-séquence, un seul et jupitérien travelling dont le phrasé prodigieux n’est pas sans évoquer les grandes cantates de Jean-Sébastien Bach. » 
(Jean-Luc Godard, 1959)

Production

Les Films de La Pléiade, coproduction Péchiney

Image

Sacha Vierny

Montage

Claudine Merlin, Alain Resnais

Musique

Pierre Barbaud, Georges Delerue