La Maison de Jean Prouvé

Stan Neumann

2004, 26 min. France

Synopsis

Dans une France où le béton est roi, Prouvé est l’homme du métal, de la tôle pliée puis de l’aluminium. Dès les années trente, il essaie de rationaliser la conception de ses bâtiments, rêvant d’une industrie de l’habitat qui construirait des maisons avec la même précision, que celle avec laquelle on construit voitures et avions. C’est ce qu’il appelle « remettre l’architecture à l’endroit« . Il conçoit plusieurs modèles de maisons individuelles à bas prix, en kit, et à monter soi-même, prêtes pour la fabrication en série. Des maisons intelligentes, fonctionnelles et nécessairement belles. 
La maison qu’il construit, dans des circonstances dramatiques, sur les hauteurs de Nancy pour lui-même et sa famille en l’espace de quelques semaines de l’été 1953, incarne de façon particulièrement émouvante les conceptions et la liberté de ce constructeur de génie dont se réclament aujourd’hui aussi bien Renzo Piano que Jean Nouvel ou Rem Koolhas. 

« La maison construite par Jean Prouvé en 1954 à Nancy pour loger sa famille est réalisée dans l’urgence à partir d’éléments industriels hétérogènes, récupérés de son usine de Maxéville. Les photographies de l’époque témoignent de l’audace du chantier, où l’architecte invente de nouvelles techniques avec l’aide de parents et amis. Les maquettes permettent de comprendre comment cette stratégie constructive engendre des qualités spatiales inédites. 
À quoi peut ressembler la maison d’un architecte autodidacte, dédaigneux de tout formalisme qui, à la fin de la guerre, a imaginé, dans son atelier de forgeron d’art devenu véritable usine, des unités préfabriquées destinées à loger les sinistrés de Lorraine ? Chassé de l’usine par un nouvel actionnaire et sans travail, Prouvé doit improviser. Construite sur une étroite terrasse en hauteur d’un terrain sablonneux, la maison est embusquée au cœur d’une dense végétation. Des poutrelles métalliques sont posées à même le sol et boulonnées à l’arrière à des équerres de tôles fabriquées par un serrurier. Le toit sans charpente est formé de grands panneaux de bois contrecollés. Une structure légère (panneaux de bois ou d’aluminium et grande baie vitrée) vient clore en façade une maison tout en longueur, sur un seul niveau, où chambres à coucher, salle de bains, grand séjour, cuisine et buanderie définissent un espace fluide et linéaire, qui illustre « une façon de rêver au contact du réel« . » 
(Annick Spay)

Production

Les Films d’ici, Marie Guirauden

Image

Katell Djian

Montage

Juliette Garcias, Stan Neumann

Participation

Centre Pompidou, CNC, Direction de l’Architecture et du Patrimoine, Ministère de la Culture et de la Communication