À la découverte des Beaumonts !

centre social du Grand Air à Montreuil

Montreuil
2022

Projections

Samedi 1er juillet 2023 à 11h au cinéma Le Méliès de Montreuil dans le cadre du cycle Courts circuits

Intervenants

Julia Laurenceau (cinéaste), Mehdi Sahed (cinéaste)

Partenaires

Ce projet a été soutenu par la DRAC dans le cadre de l’appel à projet "Culture et lien social » et dans le cadre de l’appel à projet "Politique de la Ville - Direction citoyenneté, ville de Montreuil - Est-Ensemble"

« A la découverte des Beaumonts » est un atelier de réalisation de films documentaires au sein du centre social du Grand Air à Montreuil à destination du public apprenant français qui y est accueilli. L’atelier est animé par Julia Laurenceau, réalisatrice et monteuse, avec Mehdi Sahed, également réalisateur. Il est mené en collaboration avec Betty Tenne, formatrice sociolinguistique.
Les participants vont être invités à réaliser ensemble un film à partir de leurs découvertes, vécus et rencontres au parc des Beaumonts – un parc au bout de la rue du centre et que bien souvent ils ne connaissent pas, un parc où se mènent de réelles expériences écologiques.


Après une première visite du parc avec Pascal Porquier, écologue à Est-ensemble, ils devront choisir un angle en même temps qu’ils découvriront progressivement les outils audiovisuels (caméra, son) et expérimenteront les choix de réalisation qui s’offrent à eux.

« Première balade du groupe aux Beaumonts avec Pascal Porquier, paysagiste à Est ensemble
On découvre les enjeux du parc (espace sauvage versus espace horticole) ; les effets de la saison (la sève qui se retire donnant aux feuilles leurs couleurs rouges orangées) ; les différentes vies des arbres (ils deviennent une nourriture pour les insectes une fois morts) autant que leurs vicissitudes : ils ont été attaqués aux Beaumonts par la maladie de la suie mais ils peuvent aussi être tout simplement bien portant et élagués. On aperçoit, au loin, la Tour Eiffel, en dessous de nous des départ de galeries creusées sous le parc qu racontent son ancien statut de carrières – on y extrayait le gypse dont on tirait le plâtre que l’on retrouve sur les Murs à pêches. Depuis l’extérieur de leur pré, on aperçoit aussi Rosa et Praline, la mère et la fille, en pleine sieste (ou en pleine grasse matinée ?)- on apprend qu’elles sont toutes deux d’origine bretonnes Pie rouge mais nées sur le parc et qu’avec les boucs qui les accompagnent, elles sont les habitantes d’Est ensemble qui ont le plus d’espace habitable (et rien que pour elles…).

On s’essaie aussi et surtout à la prise de vue via des appareils photos et au son :  on enregistre les cris de rapatriement poussés par les encadrantes d’un groupe d’enfants en libre jeu de l’école de L’art à palabres, on perd Najmeh dans les sous-bois qui suit les oiseaux.
On zoome sur une araignée, on joue avec des rayons de soleil.
On vous racontera la suite : la semaine prochaine on rajoute l’image en mouvement. »

Octobre, novembre, décembre

Après nos premiers repérages, nous choisissons de nous intéresser davantage aux animaux du parc, et en particulier à Rosa et Praline qui profitent de leurs derniers jours de liberté. Nous regardons des films, le groupe se familiarise davantage avec la démarche documentaire, à la relation subjective qu’un réalisateur ou une réalisatrice peut mettre en scène avec les personnes  qu’il filme. Les Beaumonts entrent progressivement dans l’hiver. Rosa et Praline ont quitté leur pâture, nous reformulons notre film qui s’écrit au fur et à mesure de nos explorations, de ce qui touche les membres de notre groupe. Les arbres perdent leurs feuilles que nous tâchons de filmer en gros plan malgré le vent qui les emporte : le groupe apprend les valeurs de plan et s’y exerce. Sous la pluie, nous rencontrons Marc Baron, compositeur, et testons différentes façons de prendre le son, avec un  micro cravate, avec la perche, en stéréo. L’exercice est de dire ce que l’on voit sans le filmer, de décrire un son et ce à quoi il nous fait penser.

Ici, Mariatou et Dana parlent du même endroit : placées sous un arbre, en haut du parc, face à une Tour Eiffel que l’on ne voit plus; elles n’en disent pas la même chose, leurs voix résonnent différentes selon le dispositif d’enregistrement. Nous cherchons aussi comment rendre des sensations par des choix de cadre ou des mouvements particuliers : travailler à donner l’impression qu’un chemin peut nous emmener très loin (« aussi loin que peut aller mon imagination »), essayer par un panoramique de montrer comment les arbres côtoient les nuages.

Nous finissons cette première partie de l’atelier avec une rencontre dans les locaux de Périphérie avec Julien Pornet et une projection du film Pour l’instant, tout va bien… , qui a été réalisé dans le cadre des Observatoires documentaires menés par Périphérie avec l’ensemble des professionnelles de santé de la PMI Madeleine Bres de Bobigny. Une communauté d’ateliers se forme, les problématiques abordées dans le film résonnent, on a découvert (et rencontré) davantage un lieu que l’on peut connaître par ailleurs. 

Lors de l’un des premiers jours de neige, nous avons rendez-vous avec Thomas Puaud, ornithologue amateur, de la Ligue de la protection des oiseaux. On entend des oiseaux que l’on ne voit pas; on les cherche à la jumelle ou avec le zoom de la caméra; on les trouve, on les perd. On écoute Thomas égrener ces noms qui traversent nos ciels, certains que l’on connait, d’autres qui font comprendre pourquoi « noms d’oiseaux » est devenue une expression  : rouge gorge (qui peut crever les yeux d’autres oiseaux pour garder son territoire), pie vert, grives (amatrices de gui), pinson, troglodyte mignon, pie (dont le cri est « comme une boite d’allumettes que l’on secoue »), corneille, épervier, perruche, chouette hulotte, fauvette babillarde – fauvette que l’on a vue au centre de Montreuil l’année dernière alors qu’elle aurait dû être en Afrique. On a la chance de voir le faucon qui vit entre les Beaumonts et les Guilands se poser juste à côté de nous – certainement parce que l’on parlait de lui. On apprend la distinction entre les migrateurs et les nichants, que tous les jours, plus de cent espèces d’oiseaux différentes nous survolent, et les recommandations pour les protéger (à commencer par ne pas les nourrir!).

A la découverte des Beaumonts 3

Janvier, février, mars
Début janvier, nous entamons un nouveau travail sur le thème des « Natures mortes ». Nous allons voir l’exposition « Les choses » au Louvre qui balaye le sujet de façon plus large et ce au travers de nombreux médiums (de la peinture rupestre à d’énormes -faux- poulets suspendus en passant par Buster Keaton, Van-Gogh, Arcimboldo ou encore Tarkovski). Nous nous en inspirerons grandement pour mettre en scène notre nature morte à partir d’objets amenés dans ce but par des participantes. Ce sera notre « table mélangé ». Nous allons aussi au cinéma Le Méliès pour partager une séance matinale avec des scolaires et découvrir Chantons sous la pluie. Enfin, nous finissons l’atelier avec Brice-Manuel Catala, urbaniste et paysagiste à Est-ensemble, qui présenta au groupe la vue  à partir des Beaumonts, une façon de découvrir pour les un·es et les autres la proximité de certains espaces (le zoo de Vincennes) et différentes façons d’apercevoir la Tour Eiffel… Nous nous essayons aussi au cours de cette séance à un jeu avec des cadres de tableaux : un écho aux Nature mortes (vivantes), une façon de continuer à expérimenter les différentes valeurs de plan que nous avions abordées. Le film a ensuite été monté par Julia Laurenceau. Après un visionnage avec le groupe de l’atelier, il a été projeté au cinéma Le Méliès à Montreuil le 1er juillet 2023, dans le cadre du cycle Courts circuits.