CAC – Le bureau des disparitions

Comment réfléchir aux notions de migration, d’exil et d’hospitalité, dans une démarche de cinéma direct documentaire ? Les élèves, initiés aux techniques d’entretien, réalisent une enquête autour de voyages vécus, parfois rêvés, sous la forme d’un court métrage collectif mettant en avant une polyphonie de voix. D’abord sensibilisés au cinéma documentaire en visionnant des films et en découvrant les différentes techniques mises en place pour recueillir la parole : entretien qualitatif, micro-trottoir, enregistrement d’une situation en cinéma direct, dialogues libres… les élèves mènent ensuite entre eux des entretiens qualitatifs pour « filmer la parole » avec le matériel de prise de vue et de son. Leur rencontre avec un travailleur social d’une organisation humanitaire œuvrant aux portes de Paris avec les réfugiés donne lieu à un premier tournage et permet aux élèves de se réapproprier des parcours de vie de mineurs isolés qu’ils et elles incarneront ensuite devant la caméra.

L’atelier de cinéma documentaire fait exister de manière éphémère un bureau des disparitions et des recherches dans le collège Théodore Monod de Gagny, avec la participation de vraies chargées de recherche de la mission RLF (Rétablissement des Liens Familiaux) de la Croix Rouge.
Ce Théâtre documentaire permet aux élèves de la 3ème 4 d’incarner des personnages de l’exil mais aussi les chargés de recherche qui les accueillent. Les jeunes apprentis documentaristes s’approprient ces rôles mais sont également les techniciens du tournage en cours. Une mise-en-scène vivante prend forme pour tenter une définition jouée du travail de recherche et de réunification des familles du RLF.

Nous rédigeons des biographies fictives, pour nous approprier et pour donner vie aux récits des personnes imaginées. Nous étudions des formulaires de recherche et de consentement et nous mettons en place des postes téléphoniques, ainsi que des plans de parcours, maquettes et cartes des lieux. Les chargées de recherches guident les élèves pour mener à bien ces enquêtes, en se focalisant sur le droit de savoir ce qu’est devenu·e un·e proche. Nous nous confrontons à la question du respect, centrale pour le RLF mais aussi dans la démarche documentaire de filmer l’autre. Se pose aussi la question de l’engagement : comment ces personnes en viennent à dédier une grande part de leur quotidien à d’autres qui ont perdu ce qui leur était le plus cher ? Les dernières séances sont l’occasion de visionnages collectifs, permettant de prendre du recul sur ces expériences, et de dessiner des propositions de montage.