CAC - Un lieu en cache un autre
Collège Jean-Lurçat à Saint-Denis
Saint-Denis
2024
Intervenants
Esther Laurent-Barroux (réalisatrice)
Partenaires
Projet réalisé dans le cadre du programme Culture et Art au Collège - Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis
Classe
3ème 1
Portrait
Esther Laurent-Baroux est une cinéaste dont les films se situent à la croisée du documentaire et de l’expérimental. Elle développe actuellement un projet de moyen-métrage documentaire autour de la mémoire du 17 octobre 1961, tourné en pellicule. Dans une traversée de Paris et sa banlieue, elle part à la recherche de traces, pour narrer un fragment de l’histoire coloniale française. Elle est membre de l’Etna, un atelier de cinéma expérimental où elle développe elle-même ses films. Depuis 2020 elle est intervenante à la Cinémathèque Française pour des ateliers d’initiation à la pratique cinématographique. Elle donne régulièrement des ateliers d’initiation à la pratique de l’argentique pour des enfants et des adultes.
Articulation du parcours avec ses projets :
« Je m’intéresse depuis longtemps à la pratique de l’argentique. Collégienne, je me souviens avec magie avoir développé mes premières photographies en chambre noire grâce à l’une de mes surveillantes qui proposait un atelier de photographie argentique. J’ai continué cette pratique aux Beaux-Arts, tout en commençant à faire des films en parallèle. Puis j’ai réuni ces deux pratiques en réalisant des films en pellicule. Je pense que chaque lieu porte en lui des histoires, des mémoires singulières. Je pense aussi que si différentes personnes s’intéressent à un même lieu, chacune pourra y raconter des histoires différentes. Pour cette série d’ateliers, je propose de créer un portrait documentaire d’un ou plusieurs lieux familiers aux élèves (proche de leur domicile, proche du collège, un lieu qu’ils et elles affectionnent…).
À travers ce portrait, nous pourrons évoquer la mémoire de lieux mais aussi leur présent et pourquoi pas leur futur. J’aimerais initier les élèves à la fabrication d’un film en super 8mm car c’est mon médium de prédilection. Nous explorerons ensemble chaque étape, du tournage au montage, en passant pas le développement des films photochimiques. Cette contrainte particulière demande de la précision et de la concision dans le choix des séquences filmées. Cela permet également de dissocier le tournage du son et de l’image et autorise les participants à se concentrer pleinement sur les spécificités de chacun, puis d’appréhender l’effet du son sur l’image, une fois les éléments montés ensemble. Enfin, filmer en pellicule instaure une distance entre ce qui vient d’être filmé et sa réception, et permet ainsi de déplacer le regard des élèves sur ce qu’ils et elles filment. »
Dernière séance : fin du montage, enregistrement des voix off
« J’arrive avec une première proposition de montage, que je montre à la classe entière. Les garçons vont enregistrer la lecture des textes que les filles ont écrits en classe. Elles restent avec moi et nous affinons le montage selon leurs directives. »
Première séance : la préparation
« Je montre à la classe des films réalisés en pellicule par d’autres enfants, et nous en parlons ensemble : sur le premier film un élève dit que les jeunes ont filmé « un peu n’importe quoi ».
Nous regardons un autre film réalisé en 16mm dans un collège, dans lequel les élèves parlent de leurs peurs et de leurs hontes. L’un d’eux me dit que cela procure des émotions très fortes.
Nous projetons un plan de la ville au tableau et chacun.e vient y inscrire le nom de son quartier. Nous regardons tou.te.s ensemble des images qu’ils et elles ont pris de leur quartier avant de les accrocher selon leur localisation. »
Deuxième séance : le tournage
« Nous allons dans la ville avec 3 caméras Super 8, 6 bobines d’inversible couleur, 3 enregistreurs, et une bobine de fil. Cette dernière est déroulée dans différents lieux pour figurer le voyage à travers la ville. Les élèves sont très à l’aise avec la caméra Super 8. »
Troisième séance : le développement des films
« Nous montons un laboratoire de fortune dans la salle d’arts-plastiques munie d’un évier et d’une pièce noire. Pour utiliser la technique du bain-marie ; nous plongeons des béchers dans des bassines d’eau chauffée à la bouilloire. Les élèves se prennent au jeu du développement assez vite en contrôlant la température des bains, en chronométrant et en remplissant et vidant les cuves régulièrement. Petit à petit, les images des films apparaissent sur les bobines. »
Quatrième séance : le montage, création sonore et générique gratté sur pellicule
« Les élèves inscrivent leurs prénoms en tout petit sur chaque photograme 16mm. Les élèvent créent ensuite avec l’aide de leur enseignante plusieurs musiques à base de percussions et de xylophones. Enfin, je leur fais expérimenter le montage, que nous faisons en direct. »